C’est d’un livre dérangeant mais addictif, noir mais tout en légèreté dont je veux vous parler aujourd’hui. La Villa Fauve, de Didier Lassinat, m’a saisie dès le prologue, où l’auteur se présente avant tout comme un lecteur. Il parvient, avec justesse, à définir les regrets que l’on peut ressentir en refermant un livre, y laissant ses personnages, son atmosphère et en abandonnant les instants précieux passés à en tourner les pages.
Les personnages de l’intrigue sont délurés mais attachants, et ils démontrent jusqu’où l’être humain peut se laisser entraîner par ses excès. Car c’est la démesure qui rythme ce roman, plus proche du polar que du thriller à mon avis.
En effet, l’enquête que s’évertue à poursuivre les différentes factions policières est racontée par l’auteur lui-même, n’ayant pour objectif que de finir son premier roman. Le lecteur évolue donc dans un contexte bien réaliste, sans être ordinaire, mais visiblement dans l’unique imagination de l’auteur. C’est ce rapport qui m’est apparu le plus perturbant : où s’arrête l’imaginaire ? Où commence la réalité ?
La première de couverture est tout simplement fantastique, elle tient toute sa place dans l’intrigue et appuie encore plus cette confusion inquiétante et dérangeante.
L’auteur fait preuve d’un humour haut de gamme et d’un détachement enviable. J’ai beaucoup apprécié ces passages en italique dans lesquels il s’adresse directement aux lecteurs. En effet, ces clins d’œil confèrent ce rapport si étroit entre auteur et lecteur qui m’a totalement séduite.
Enfin, les lecteurs régionaux seront charmés de redécouvrir l’Occitanie comme ils ne la connaissent peu ou pas, et les descriptions de ce roman honorent les couleurs et la bonne odeur du Sud.
La chute est inattendue et saisissante, et bien à la hauteur de l’ambiance générale du livre.
A mon sens, Didier Lassinat signe ici un chef d’œuvre
Chronique littéraire par Claire Gossier
Travailleuse littéraire, j’opère autour des contes en particulier et de l’écriture en général. C’est au sein de l’association Ecriv’art : lire, écrire et conter que je m’épanouis dans mes savoirs faire.