Accueil / Concours littéraires / Le vicomte de Trencavel

Le vicomte de Trencavel

Auteur : Elias Russ-Lavitry

Le double mariage de Raimond de Trencavel, vicomte de Carcassonne, Albi et Béziers, avec Adélaïde de Narbonne, et celui de Roger de Trencavel, son frère, avec Agnès de Montpellier, donna lieu aux plus superbes noces qu’on n’ait jamais vues en Languedoc.
Ces unions venaient rompre le deuil dans lequel la cour de Carcassonne était jusqu’alors plongée : en effet, le vieux vicomte Bernard avait rendu l’âme quelques mois plus tôt.

L’heureux avenir de ces jeunes couples ne faisait aucun doute : tous étaient beaux et séduisants. Le temps était superbe, bien digne de l’été qui commençait ; le vicomte avait convié à la fête tous ses vassaux et amis. Tout ce monde était chamarré d’or et de pierreries, et les danses mettaient en valeur le faste dont chacun s’était couvert. Les étoiles de ces noces n’en rayonnaient que mieux, Raimond, aux yeux verts et au cheveu court et châtain, au bras d’Adélaïde aux cheveux clairs, et Roger, ténébreux, les cheveux mi-longs qui lui tombaient sur la nuque, au bras de la sublime Agnès, blonde comme les blés.
Tandis que le vicomte allait d’un groupe à l’autre, saluant, discutant, la nouvelle vicomtesse passa la soirée avec sa belle-sœur Agnès ; les deux jeunes femmes s’étaient en effet parfaitement entendues, et causèrent familièrement, assises dans un angle de la pièce, jusqu’à ce que les invités quittent le château pour laisser les mariés dans l’intimité de leurs chambres nuptiales.
Neuf mois après cet heureux mariage, un premier enfant vint aux seigneurs de Carcassonne : une petite fille prénommée Marie, suivie, deux ans plus tard, d’un garçon : Bernard, baptisé en hommage à son grand-père. Le vicomte pleura de joie et fit sonner les cloches de tout le pays à la volée pour fêter la naissance de ses enfants, qui assuraient la survivance de son sang à la tête de Carcassonne. La vicomtesse était la plus heureuse des mères : elle adorait ses enfants, et était ravie de leur consacrer tout son temps. Roger, venu assister à la naissance de ses neveu et nièce, rentra chaque fois dans ses terres de Montolieu sitôt le baptême effectué ; les deux frères ne s’étaient jamais entendus : Roger, quoique l’aîné, était né fils du vicomte Bernard et d’une suivante de sa femme, ce qui avait offert à Raimond la couronne à trois branches à la mort du vieux seigneur. Agnès, elle, resta quelques temps après la naissance de Bernard, afin d’aider la jeune mère : elle fut pour elle autant une amie sincère qu’une auxiliaire fiable durant son séjour à la cour, et les deux femmes devinrent parfaitement intimes. Le vicomte voyait cela d’un excellent œil, estimant que cela ne pouvait qu’aider à l’éducation de son fils durant ses premières années.
Mais un jour, un messager affolé vint annoncer à Raimond que le comte de Roussillon, rival historique avec lequel les Trencavel se disputaient la souveraineté en Languedoc, venait de pénétrer dans ses terres. Le vicomte n’hésita pas : malgré l’automne finissant et le risque de devoir combattre en hiver, il rassembla ses troupes, ses barons et partit guerroyer sur-le-champ, laissant ses enfants de quinze et dix-sept ans à la garde de sa femme et de sa belle-sœur.

... la suite est à découvrir dans le recueil de nouvelles « La Vigneronne » >>

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Top