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Pas de soleil pour Maggy

Auteure : Catherine Lavaud

— Oh, toi, si je t’attrape, tu vas voir que tu vas continuer à rire, mais jaune !
Deux jours que je les entends ricaner au-dessus de ma tête comme des bossus. Deux jours qu’ils me mettent les nerfs à fleur de peau. Si seulement je pouvais en attraper un… rien qu’un seul… je lui ferais passer l’envie de se moquer de moi, ça, vous pouvez en être sûr !
Je ne comprends pas comment j’ai pu me mettre dans une situation pareille. Tout avait pourtant bien commencé. Mardi dernier, il faisait beau pour la saison, le soleil brillait et en me levant j’étais vraiment de belle humeur. Sébastien était déjà au travail, et je savais que j’allais avoir une journée entière pour moi toute seule. Ce n’était pas si souvent que cela m’arrivait, car être la femme d’un homme jaloux implique qu’il faut beaucoup d’invention et de roublardise pour arriver à faire ce que l’on veut, enfin du moins, essayer.
Ce matin-là, je m’étais tout particulièrement apprêtée pour aller voir ma mère qui habite à Pennautier sur la route de Montolieu. J’avais mis mon joli chemisier blanc, celui avec les manches bouffantes et ma jupe en laine rayée verte et rouge, ma préférée. Et comme le temps commençait à fraîchir j’avais enfilé mes bas blancs neufs, en coton, et revêtu ma belle veste de drap vert à plumetis ocre. Enfin, parce que ma mère est assez rétrograde dans ses idées, je n’avais pas omis de porter ma jolie coiffe en toile, garnie de mousseline, car elle n’aurait jamais toléré que sa fille vienne la visiter tête nue. J’avais dit à mon mari que j’allais la voir, car elle était souffrante et j’avais dû déployer des trésors de persuasion pour le convaincre de me laisser partir ainsi en milieu de semaine.
En prenant la route, je pressais le pas, car j’en avais pour plus d’une heure de route. Je savais que le temps passerait trop vite et que je devrais retourner dans mon foyer bien trop tôt. Les remparts de la cité de Carcassonne disparaissaient lentement derrière moi et avec eux le poids de cette vie qui m’insupportait de plus en plus. Après une petite demi-heure de marche, je bifurquais en direction de l’écluse de la Douce. Parce que je n’allais pas réellement voir ma mère. Ça, c’est l’histoire que j’avais bien voulu raconter, car ma mère, c’est une vieille carne. Elle a la peau dure, elle est solide comme un roc, et elle n’a absolument pas besoin de moi. C’est d’ailleurs pour cela que je m’étais mariée si jeune, avec le premier venu. Pour lui échapper. Sans savoir que ce serait pire.
En fait, pour tout vous dire, j’allais, d’un pas guilleret rejoindre Antonin.

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